Yo !
Voilà ma trilogie qui en est au tome second. Je commenterai vos trucs après.
Donc voilà le tome 1 : "Effraction" > Titre français "L'Excursion"
Je vis sur une petite île située près de l'Angleterre. Elle est protégée par de hauts remparts et par une armée d'humains. Il y a huit villes ; les plus riches au nord — Lerwicks, Clémente, Port Estroit — et moins aisées au sud — Mangoline, Puysel, Arcadia —. L'île est entourée de forêts appartenant à une autre population : les membres du Triangle. Il y a les Lycanthropes, les Tyunes et les Rusalkis. Ils ressemblent traits pour traits aux humains mais écument les Contrées. Ils se font la guerre depuis la nuit des temps et pourtant, ils se partagent la même île et se soumettent au même régime politique. Ils suivent l'Amnoria ; un livre qui recueille les lois qu'ils doivent suivre. Ils connaissent les humains ; ils savent ce qu'ils pensent, ils savent où ils vont, ils savent comment ils tuent et ils savent comment les transformer. Ils ne sont pas dangereux quand ils sont en lieux publics mais dans leurs territoires, ils sont de véritables bêtes sauvages, sautant au coup de tout ce qui bouge. Et même si quelques uns sont moins bestiaux que d'autres, ils ont tous la même nature ; ils sont tueurs. La grande majorité des humains vivant dans le Triangle restent enfermés chez eux pour ne pas avoir à tomber sur un des membres. Mais comment se cacher de créatures qui se cachent des humains ? Ils sont froids, sensibles et destructeurs et je suis une des leurs.
Prologue :
Le cheval hennit et s'arrêta net devant une taverne à l'obscurité pestilentielle ; le son de ses sabots sur les feuilles mortes violacées était comme le crépitement d'un feu. Je nouai une corde au cou de ma jument et attachai l'autre bout à un tronc d'arbre rabougri. Je pénétrai ensuite dans la grotte dont les murs dégoulinaient de sang gluant. Je décelai une puanteur parmi les cadavres recroquevillés sur eux-mêmes. Ils avaient été profondément mordus. L'odeur des abats ensanglantés empestait à des kilomètres à la ronde. Puis, un grognement. D'une haine viscérale et inhumaine. Je n'osai pas me retourner, sachant qu'il y avait quelque chose que je n'apprécirais pas vraiment, derrière mon dos. Dehors, j'entendais Salvatore, l'italien, qui poussait une gueulante. Je voulus sortir en catimini mais un couteau fiché dans le sol me fit perdre l'équilibre. Je basculai alors involontairement la tête en arrière. Je geignis de douleur au talon puis, voyant deux points de couleur jaune acide, j'oubliai l'érraflure et me relevai illico presto. Sans me retourner une fois, je saisis une petite dague dans ma ceinture, coupai la corde qui retenait ma jument, la montai en vitesse et m'éloigna de cette répugnante et effrayante taverne. Des effluves de parfum poivrés vinrent me chatouiller les narines.
-Ron-Derrick !
Je me retournai, frissonnant.
-Oui.
Salvatore jeta un regard inquisiteur en direction du chemin que j'avais quitté et posa ensuite sur moi ses prunelles lourdes de menaces. Je lus carrément dans ses pensées : "Ne retourne là-bas sous aucun prétexte." Chose que je n'avais pas l'intention de faire.
Puis, un tintement de petites cloches résonna derrière nous, mêlé aux son du mouvement des arbres. Cette fois, je pris la peine de me retourner et aperçus une silhouette sombre se découper dans la lueur du soleil couchant. Une silhouette de Lycanthropes. Je n'avais rien à craindre, ils sont nos alliés. Ou... peut-être devrais-je craindre la famine de la créature.
Frappant son persan au flanc, Salvatore se précipita hors des bois. Je lui emboîtai le pas.
Chapitre 1 :
Le hurlement sourd de la corne d'abondance résonna dans toute la ville. Je frappai sur la vitre de la voiture du plat de la main et Ron-Derrick ouvrit la porte. Il faisait terriblement froid et la ville empestait les relents de marrée basse, le poisson, les épices... Je réprimai un haut-le-cœur lorsque je vis le chien d'un soldat dévorer un rat d'égout en séparant la chair des os.
-Les soldats sont partout, dit-il.
Leurs uniformes noirs aux foulards où étaient dessinés les mâchoires d'un crâne ressortaient nettement parmi la foule. Ils étaient armés mais dans une ville aussi petite que celle de Port Estroit où il n'y a que des marchands et des acheteurs, ils n'en avaient pas grande utilité. Même s'ils attrapaient quelque voleur, les tuer ne serait pas un acte digne d'un soldat de la garde du Triangle — île dans laquelle nous vivons.
-William ! Peter ! hurla Emily.
Ceux-ci se dégagèrent de la foule dense et vinrent nous rejoindre pour regarder le grand combat du moi d'octobre.
Il y avait déjà des Estroyen qui poussaient des gueulantes ou qui chantaient de plus belle pour encourager leurs combattants. Quelques habitants de Puysel et Mangoline — les villes les plus pauvres du Triangle — étaient venus jusque Port Estroit pour assister au spectacle.
Comme chaque mois, il y avait ce genre de combat qui opposait un animal à un habitant volontaire. Il n'y avait pas de tirage au sort ni de concours pour y participer. Les habitants de toute l'île se battaient près de l'arène de bois. Et pour cause ; £700 était offert à celui qui abattait l'animal. Aujourd'hui, c'était un gros loup. Il devait peser près de quatre-vingt-dix kilos et mesurait cent soixante-dix centimètre.
Nous nous assîmes aux premiers rangs pour mieux voir et pour ne pas être dérangés par les hommes qui ne cessaient de se lever pour hurler ou lancer des objets dans l'arène.
Le premier à passer était un grand homme roux de plus d'un mètre quatre-vingt. Ses muscles et ses veines saillaient. Mâchoire serrée, il s'avança avec une dague vers son ennemi qui grognait méchamment. Babines retroussée, le loup grattait la terre avec ses larges pattes comme pour marquer son territoire.
-Tu vois là-bas ? me demanda Ron-Derrick. C'est Thaurenn. Celui qui gouverne la population humaine.
-Je sais qui il est. Et... il s'entend bien avec Geronimo ?
-Hum... Ouais, si on peut dire ça. Thaurenn est la main du roi.
-Je croyais que Geronimo était gouvernant, pas roi.
-C'est pareil. Son statut, peu importe le nom, est de veiller à la bonté du Triangle.
-Et si ça devient une dictature, tu ne parlerais pas sur le même ton.
Un cri de guerre me fit tressaillir. Je restai figée sur place en voyant que l'homme venait de se jeter sur le loup. L'animal ne se précipita pas et feinta sur la droite. En un fracas énorme, l'homme s'écrasa sur les barrières de bois en gémissant. Le canidé fonça sur le corps et le mordit au cou. Du sang gicla de partout. Des cris de déception mêlés à des soupirs raisonnèrent.
Les suivants subirent une mort tout aussi terrible que celle du premier ; déchiquetés, en sang, souffrants. Personne ne réussit à battre le loup. Personne ne voulut s'y risquer de nouveau... sauf William qui sauta au-dessus des rangs pour se ruer dans l'arène. Je hurlai en me levant. Mon meilleur ami allait se faire tuer. Inconcevable. Je me précipitai à mon tour en arrachant à un des spectateurs un couteau.
Le loup, épuisé, n'avait plus toutes ses forces, il était donc plus simple de l'achever. Plus petite, mon frère m'avait appris à puiser ma ruse et ma force dans ce que je ne souhaitais pas perdre ou dans ce que j'avais déjà perdu. J'avais perdu mes parents et ma sœur et je ne voulais pas perdre William. J'avais déjà appris à me battre et à chasser. Je maniai les armes blanches avec dextérité. J'avais plus de facilité à toucher ma cible avec ce genre d'armes qu'avec un fusil ou un pistolet. Peut-être que c'est plus facile avec des armes à feu et que j'ai toujours appris à me débrouiller seule. Quand je voulais tuer quelqu'un, je le faisais. C'était rarement l'instrument que je tenais entre mes mains qui le faisait à ma place.
William était bon combattant lui aussi. Nous l'étions à peu près tous en fait. Cette île était bien trop dangereuse alors chacun se débrouillait à sa manière. Les plus riches avec des armes à feu et les moins aisés apprenaient avec ce qui tranchait. Du côté de notre famille — ou ce qu'il en restait — on avait les deux types d'arme. Pas parce que nous étions plus ou moins riches mais que mon frère Alexi, que je n'avais jamais vu de ma vie, était, selon Ron-Derrick, parti à l'armée et qu'ils leur avait fourni de quoi se défendre en cas d'attaque.
Le loup, qui chancelait un peu, courut vers William en aboyant. Il ne s'était pas concentré sur moi et n'avait donc pas vu mon couteau pointé en direction de son cou. De la fatigue sans doute. Je plongeai vers lui en quelques enjambées et lui transperçai la gorge. Il gémit avant de s'affaisser sur le sol boueux. Le sang coula de son nez et de sa bouche en gouttant sur son pelage grisonnant. Jamais e n'aurais imaginé participé à ce jeu stupide et encore moins le remporter.
La foule se leva et hurla. Des drapeaux se levèrent en signe de victoire.
Ron-Derrick vint récupérer l'argent promis et nous nous en allâmes fiers avec la récompense et le loup.